Coup de projecteur : L’ISS participe à la sécurité et la stabilisation du bassin du lac Tchad
Les recherches ont appuyé la révision de la stratégie régionale face à l’extrémisme, au problème de développement et au crime organisé.
L'Institut d'études de sécurité (ISS) a veillé à la prise en compte des dynamiques de conflit spécifiques dans la stratégie régionale de stabilisation révisée, adoptée par le 5e Forum des gouverneurs du bassin du lac Tchad à Maiduguri, au Nigeria, en janvier 2025. L'ISS était l'une des deux seules organisations invitées à intervenir lors de cet événement organisé par l'Union africaine et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
« Nous faisons appel à l’ISS lorsque les gouvernements ont besoin d'informations et d'analyses urgentes sur le conflit, a déclaré le Dr Chika Charles Aniekwe, ancien chef du programme régional de stabilisation du PNUD pour la région du lac Tchad.
» Nous le faisons en raison de l'indépendance et de l'intégrité de l'ISS. Nous apprécions son travail et nous savons que ses informations et ses analyses seront objectives. Les entités des Nations unies et les gouvernements du bassin du lac Tchad s'accordent à dire que la crédibilité et la capacité de l'ISS lui permet de fournir une analyse précise des conflits dans la région ».
L'insécurité dans le bassin du lac Tchad est alimentée par le groupe extrémiste violent Boko Haram et les syndicats de la criminalité organisée transnationale. L'extrême pauvreté, les pressions climatiques, la faiblesse des services publics et le trafic de marchandises illicites aggravent cette insécurité. La crise a entraîné des déplacements massifs de population, des destructions de biens, des violations des droits de l'homme et une baisse du niveau de vie.
Des chercheurs de l'ISS sont intervenus lors d'une session du forum de Maiduguri sur la gestion des personnes qui quittent Boko Haram. Ils ont animé une séance plénière sur les liens entre la drogue et l'extrémisme violent. L'ISS a également coorganisé avec l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) un parallèle sur le trafic de drogue et l'insécurité dans la région.
Les drogues sont à la fois un symptôme et un moteur de l'insécurité. Les recherches de l'ISS sur le terrain ont révélé des liens entre trafic de drogue et extrémisme violent, et il est prouvé que les combattants de Boko Haram sont alimentés par des drogues illicites.
Secte islamique située dans l'État de Borno au Nigeria, Boko Haram a commencé à commettre des actes violents en 2009 et s'est étendu à la région de Difa au Niger, aux régions septentrionales du Cameroun et à deux provinces du Tchad.
L'analyse factuelle de l’ISS a permis de prendre des décisions fondées sur des données exactes
Grâce aux réponses militaires, des territoires ont été repris et la paix a pu être rétablie. La première version de la stratégie de stabilisation de 2018 a permis de reconstruire les infrastructures, les services, la sécurité et les moyens de subsistance, et de réintégrer les anciens associés de Boko Haram. Les personnes déplacées ont commencé à revenir, les marchés ont rouvert et les écoles, les cliniques et les logements ont été réhabilités.
Quoiqu’affaibli, Boko Haram a poursuivi ses attaques sporadiques, adaptant ses stratégies aux interventions militaires organisées contre le groupe. « Ils maîtrisent le terrain et peuvent atteindre une cible gouvernementale et disparaître dans les marécages et les îles de la région, explique Remadji Hoinathy, chercheur principal à l'ISS.
» Il s'agit d'un problème qui s'étend sur plusieurs pays et qui nécessite donc une approche régionale. C'est la raison d'être de la stratégie adoptée par la Commission du bassin du lac Tchad ».
L'équipe de l’ISS, placée sous la direction du directeur exécutif Fonteh Akum, était composée de chercheurs au Nigeria et au Cameroun, ainsi que d’observateurs et de consultants chargés de suivre l'évolution de la situation sur le terrain. L'équipe a collaboré avec des organisations communautaires et des centres de recherche universitaires.
L'analyse factuelle de l'ISS a aidé le comité stratégique technique de la Commission du bassin du lac Tchad à prendre des décisions fondées sur des données exactes et une bonne compréhension de la crise en cours. Les analyses trimestrielles des risques de conflit et de sécurité réalisées par l’ISS ont guidé le travail de consolidation de la paix de la commission et ont éclairé les interventions humanitaires et de développement.
La stratégie a une approche régionale, mais envisage également des réponses spécifiques au niveau d'un pays et d'un État ou d'une région. « Ce qui fonctionne au Tchad peut ne pas fonctionner au Cameroun », précise Hoinathy.
L'équipe de l’ISS a également contribué aux politiques régionales en matière de justice transitionnelle, de réconciliation et de réintégration à base communautaire.
Pour plus d'informations, veuillez contacter
Remadji Hoinathy, ISS : [email protected]