Analyse de situation: Cameroun: Une analyse juridique de la mutation constitutionnelle du 10 avril 2008, Nicole Florence Matip
Les récentes controverses autour du référendum portant sur la révision
constitutionnelle au Niger viennent confirmer une tendance lourde de la politique africaine des deux dernières décennies. En effet, alors que les processus de démocratisation ont entamé les fondements des régimes autoritaires, il n’est pas certain que les systèmes actuels de gouvernance en Afrique évoluent inexorablement vers la démocratisation. Ici et là , des processus de restauration autoritaire ont lieu, qui, sous divers habillages (lutte contre le terrorisme, souveraineté du peuple à qui il revient de choisir, achèvement des grands travaux), tendent en fait à réintroduire les présidences perpétuelles. Alors que les constitutions charriées par les processus de démocratisation avaient pour la plupart instauré la limitation des mandats présidentiels afin d’introduire la possibilité de l’alternance du pouvoir politique, de ombreux processus de révision constitutionnelle ont eu lieu avec pour but de rétablir ce que certains nomment les présidences à vie. De toutes les sous-régions du continent, l’Afrique Centrale est particulièrement touchée par ce phénomène sans que cela n’ait vraiment trouvé une explication plausible. Parmi les États de la région qui ont eu recours au changement constitutionnel pour pérenniser un régime bientôt trentenaire, se trouve le Cameroun. En effet, la constitution camerounaise a fait l’objet de trois modifications depuis 1990. La première est intervenue le 23 avril 1991, la deuxième le 18 janvier 1996, et la troisième date du 14 avril 2008. C’est cette dernière qui fait l’objet de la présente étude avec, bien entendu, une référence aux précédentes chaque fois que cela s’avère nécessaire.