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Point sur l’élection des dirigeants de l’UA

Les élections de l'UA en 2025 présentent des défis majeurs, nécessitant un leadership face à des enjeux mondiaux complexes.

Le processus qui doit aboutir en février 2025 à l’élection des hauts responsables de l’Union africaine (UA) a été lancé en mai 2024 par une note verbale du Bureau du conseiller juridique de l’organisation aux États membres. Celle-ci les invitait à présenter des candidatures pour les postes de direction à la Commission de l’UA. Depuis, les candidatures de 35 personnes issues des cinq régions du continent aux différents postes de la nouvelle structure créée par le processus de réforme institutionnelle de l’UA ont été évaluées.

Selon le panel d’éminentes personnalités africaines chargé de la sélection, 22 candidats, qui n’avaient pas atteint la note minimale de 70 %, ont été disqualifiés lors de la phase initiale.

Après la publication de l’appel à candidatures, de leur soumission par les États membres et leur sélection par le Comité ministériel du Conseil exécutif sur les candidatures, le processus prévoit : une campagne électorale ; la présélection des commissaires par le Conseil exécutif puis leur nomination par la Conférence ; l’élection du président de la Commission par la Conférence ; l’annonce et la confirmation des résultats.

Les dirigeants de l'UA devront naviguer dans un paysage mondial en évolution rapide et des défis internes

Le poste de président de la Commission, qui doit être occupé par un candidat venant de l’Afrique de l’Est, est le plus disputé. Les candidats en lice mènent une campagne acharnée dans les différentes régions et capitales du continent.

Les modalités électorales

Conformément à l’article 42 du Règlement intérieur de la Conférence de l’UA, le processus électoral commence par l’élection du président de la Commission suivie de celle du vice-président et se termine par la nomination des commissaires qui auront été pré-élus par le Conseil exécutif.

Pour être élu président, un candidat doit obtenir la majorité des deux tiers, soit 36 voix. Dans le cas contraire, après trois tours de scrutin, la procédure est modifiée pour limiter le tour suivant aux deux candidats qui auront obtenu le plus grand nombre de voix au troisième tour. Si aucun des deux n’obtient la majorité requise après trois tours de scrutin supplémentaires, le candidat ayant recueilli le moins de voix doit se retirer de la course.

Si deux candidats seulement sont en lice et qu’aucun n’obtient la majorité des deux tiers après trois tours, le candidat ayant le moins de voix doit se retirer, ce qui permet au candidat restant de passer seul au tour de scrutin suivant. Toutefois, si ce dernier n’obtient pas non plus la majorité requise, alors l’élection est suspendue.

Le succès des élections de l'UA aura un impact profond sur la cohésion interne et externe de l’Afrique

Dans le cas où il n’y a qu’un seul candidat et qu’il ne parvient pas à atteindre la majorité des deux tiers requise après trois tours, l’élection est également suspendue. Des dispositions provisoires prévoient alors que le vice-président assume la présidence à titre intérimaire jusqu’à ce qu’une nouvelle élection soit organisée. De même, si le poste de vice-président reste vacant en raison d’une impasse, c’est au commissaire le plus ancien ou le plus  âgé qu’il revient d’assurer la fonction de vice-président par intérim.

Les défis à venir

Ces élections surviennent à un moment où le monde connaît des changements phénoménaux et où le rôle de l’Afrique est de plus en plus reconnu. Les futurs dirigeants de l’UA seront donc confrontés à des défis importants, non seulement dans leurs rôles sectoriels, mais aussi pour affronter un contexte international en pleine mutation. Ils devront également surmonter les obstacles institutionnels de l’UA, qu’il s’agisse de la gestion des relations avec les États membres, de la lenteur et de la lourdeur de la bureaucratie de la Commission de l’UA ou de la question persistante du financement inadéquat des activités de la Commission.

Ils devront aussi faire face à : la résurgence de l’utilisation sélective du principe de souveraineté par les États membres ; la promotion de la coopération entre l’UA et les Nations unies dans la mise en œuvre des opérations de paix et de la résolution 2719 du Conseil de sécurité des Nations unies ; la promotion de l’action émergente de l’Afrique dans les forums multilatéraux mondiaux, notamment avec l’adhésion au G20 ; la gestion de la recrudescence des conflits, comme au Soudan, au  Mozambique, au Sahel et en RDC.

Ainsi, pour être le candidat idéal à ces postes de responsable, il ne suffit pas d’obtenir le nombre requis de voix, mais également disposer des compétences et du sens de la diplomatie nécessaires pour relever les défis propres à chaque secteur et pour gérer les relations parfois complexes avec les États membres.

Cette nouvelle cohorte de dirigeants entrera en fonction à un moment charnière de l’histoire de l’UA. Leur réussite — ou leur échec — aura donc un impact profond sur l’UA en tant qu’organisation, sur l’Afrique en tant que continent et sur sa capacité à s’affirmer sur la scène internationale.

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