Coup de projecteur : Une équipe pluridisciplinaire de l’ISS s’attaque à la crise du Cabo Delgado

Grâce à ses compétences diversifiées, l’ISS fournit des conseils crédibles et stratégiques sur cette insurrection complexe.

Dès que la province mozambicaine du Cabo Delgado, riche en ressources, a été menacée par des extrémistes violents, l’Institut d’études de sécurité (ISS) a formé une équipe composée de ses experts travaillant sur la sécurité maritime, le crime organisé, l’extrémisme violent et la gouvernance. Cette pluridisciplinarité a permis à l’ISS de lancer des alertes précoces, avant que n’éclate le conflit, et donné du poids à l’argument de l’Institut selon lequel les réponses militaires doivent être étayées par le développement socioéconomique et l’aide humanitaire.

L’analyse de cette situation complexe par l’ISS a permis de proposer des réponses aux capitales régionales et internationales, et d’inspirer la décision de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui a déployé une Mission militaire au Mozambique (SAMIM).  

« L’ISS a apporté son expertise en matière de sécurité humaine dans une situation difficile et a formulé des recommandations pratiques fondées sur une longue expérience de la lutte contre le terrorisme au Sahel, dans le bassin du lac Tchad, dans la Corne de l’Afrique et au Nigeria », explique Borges Nhamirre, consultant de l’ISS à Maputo. « Nous savons comment les conflits évoluent et quelles sont les réponses les plus susceptibles d’aboutir à une issue favorable, et nous avons pu démontrer pourquoi les mesures de sécurité doivent être accompagnées d’une approche de développement à long terme. »

Les analystes de l’ISS comprennent les dynamiques du parti au pouvoir au Mozambique et des débats de politique étrangère au sein de la SADC. La diversité de ses expertises se combine à sa réputation d’indépendance, à ses relations qui lui confèrent une crédibilité dans les allées du pouvoir et lui permettent d’accéder aux décideurs.

Les richesses minérales et les installations gazières en mer du Cabo Delgado attirent des investissements de plusieurs milliards de dollars, et ont le potentiel de stimuler le développement régional. Mais des décennies de négligence étatiques, de services médiocres et d’infrastructures limitées ont créé les conditions d’une insurrection extrémiste. « C’était un cocktail toxique ; les opportunités sociales et économiques étaient éclipsées par les ingrédients d’un conflit complexe », explique Nhamirre.

La crise couvait depuis 2017, bien avant l’escalade dramatique de mars 2021 qui a vu des extrémistes se déchaîner dans la ville portuaire de Mocímboa da Praia, qui servait de base logistique à des multinationales. L’attaque a ébranlé certains des plus gros investissements étrangers d’Afrique.

Nous savons comment les conflits évoluent et quelles sont les réponses les plus judicieuses

Plus de 3 000 personnes sont mortes et le conflit a entraîné le déplacement de plus de 800 000 autres. Cette situation a alerté les dirigeants de la région sur la menace de l’extrémisme violent, la nécessité de développer les régions éloignées et l’importance d’une meilleure gouvernance pour que les ressources deviennent une chance et non une malédiction.  

L’ISS a plaidé pour une action à la fois militaire et non militaire, et pour qu’on reconnaisse que l’insurrection était motivée par des griefs locaux légitimes. L’ISS a été l’une des premières organisations à demander l’implication de la SADC et a encouragé le dialogue et la création d’emplois pour les jeunes marginalisés comme alternative au recrutement par les extrémistes.

« L’ISS a aidé le Danemark à comprendre la dynamique sociale et économique du conflit du Cabo Delgado et à l’aborder de manière global », a déclaré Jacob Stensdal, chef de mission adjoint à l’ambassade du Danemark à Pretoria. « Sans l’ISS, notre analyse aurait peut-être été moins nuancée, et il est très important d’avoir une vision d’ensemble pour éclairer la réponse du Danemark dans ce conflit ».

La nouvelle stratégie du Mozambique pour la résilience et le développement du nord du pays tient compte des inégalités socioéconomiques et de l’exclusion politique et économique. Maputo mobilise 764 millions de dollars US auprès de partenaires multilatéraux pour financer l’Agence de développement intégré du Nord axée sur l’aide humanitaire, le développement économique, la résilience des communautés et la communication.

L’ISS a également demandé une surveillance terrestre, maritime et aérienne afin de documenter les opérations militaires et policières, avec un partage des renseignements entre les membres de la SADC. L’ISS a suggéré de remplacer progressivement les troupes étrangères par des policiers et des soldats mozambicains bien formés et responsables.

Environ 1 000 soldats de la SAMIM, originaires de quatre pays de la SADC, ont été déployés à la mi-2021. Avec les militaires mozambicains, ils ont chassé les groupes terroristes de leurs bases, rouvert les routes principales et protégé les villages. En outre, 2 000 soldats et policiers rwandais sécurisent actuellement les zones proches des projets gaziers.

L’ISS travaille également en partenariat avec des organisations locales au Mozambique, notamment l’Académie des sciences policières (Academia de Ciências Policiais) et l’Institut de formation judiciaire (Centro de Formação Jurídica e Judiciaria). De nombreuses recherches de l’ISS sur la menace insurrectionnelle et son impact ont été publiées, et plus de 300 interviews ont été publiées dans les médias en 2021.

Les experts de l’ISS ont informé les missions diplomatiques et les agences des Nations unies au Mozambique et en Afrique du Sud, ainsi que le Parlement panafricain, la SAMIM et le ministère sud-africain des Relations internationales et de la Coopération. Des exposés techniques ont également été présentés à l’armée et à l’unité de déminage de la police sud-africaines, ainsi qu’à l’équipe antiterroriste de l’Organisation de coopération des chefs de police d’Afrique australe à Harare.

Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Liesl-Louw Vaudran, ISS: [email protected]

Image: © AFP/Alfredo Zuniga

Contenu lié