Coup de projecteur : Contrecarrer le terrorisme maritime en Afrique de l’Ouest
L’ISS aide à la communauté internationale à mieux appréhender et contrôler les déplacements maritimes du terrorisme au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest.
L’Afrique de l’Ouest côtière, longue de 6 000 km, est située sur des routes maritimes stratégiques et s’étend sur 18 États, du Sénégal à l’Angola. La sécurité maritime est cruciale pour les économies locales qui dépendent du commerce, de la pêche, de l’énergie et du tourisme.
Cependant, la région est vulnérable aux bandes criminelles organisées. Ces dernières exploitent les lacunes dans la surveillance et les patrouilles pour se livrer à la piraterie, à la pêche illégale, au blanchiment d’argent, à la traite des êtres humains et à la contrebande d’armes et de stupéfiants. Ces activités illicites favorisent également le risque d’attaques terroristes.
L’utilisation des océans, des lacs et des rivières par les terroristes pour se déplacer est une préoccupation croissante. Les terroristes sont soupçonnés d’utiliser de faux documents sur les routes de migration maritime, du Sénégal vers l’Espagne. En 1998, les extrémistes qui avaient attaqué les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie avaient traversé le lac Victoria en ferry. Contrairement aux aéroports et aux avions, les ports isolés sont plus difficiles à surveiller et les petites embarcations plus complexes à détecter et à intercepter.
L’ISS a apporté une contribution africaine significative aux travaux du Forum mondial multilatéral de lutte contre le terrorisme (GCTF), dont le groupe de travail sur les combattants terroristes étrangers mobilise l’expertise et les ressources pour prévenir, combattre et poursuivre les actes terroristes.
L’équipe de sécurité maritime de l’ISS est une source fiable d’expertise et de conseils pour les gouvernements d’Afrique de l’Ouest et les organisations internationales, notamment l’Organisation maritime internationale, la Commission de l’océan Indien, le Centre interrégional de coordination établi dans le cadre de l’architecture maritime de Yaoundé et le Programme mondial de lutte contre la criminalité maritime de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime.
Les analystes de l’ISS ont souligné la vulnérabilité de l’Afrique de l’Ouest face au terrorisme maritime et recommandé que soient adoptées des approches spécifiques à chaque pays en fonction de leurs conditions géographiques, juridiques et culturelles. Ils développent actuellement des lignes directrices de bonnes pratiques à l’intention des autorités africaines pour répondre aux menaces complexes et contribuent à la mise en place d’un nouveau groupe de travail maritime combiné des États d’Afrique de l’Ouest dans le golfe de Guinée.
L’ISS est une source fiable d’expertise et de conseils pour les États et les organisations internationales
L’ISS a participé à l’organisation et à la modération d’ateliers en amont d’un évènement GCTF organisé en décembre 2023 à Dakar, au Sénégal. Cet évènement a réuni des décideurs dans l’objectif d’élaborer des politiques et des plans de prévention pour faire obstacle aux déplacements des terroristes par voies maritimes en Afrique de l’Ouest.
Les délégués ont été informés de la mise en œuvre de la résolution 2634 du Conseil de sécurité des Nations unies, visant à empêcher que les produits de la piraterie ne financent le terrorisme au Sahel et en Afrique occidentale ou centrale. L’atelier du GCTF a examiné les écarts entre les lois et les politiques des pays, la gestion des frontières et les stratégies portuaires. Il a souligné l’importance du contrôle des suspects et la nécessité d’une coopération entre les gouvernements et les agences de lutte contre le terrorisme.
« L’ISS s’engage à promouvoir un domaine maritime sûr, favorisant des routes commerciales sans risque, des économies fortes et des communautés protégées, déclare Timothy Walker, chercheur principal de l’ISS sur les questions maritimes. Nos recherches jettent les bases d’actions préventives et d’une prise de décision politique éclairée, essentielles pour contrecarrer le terrorisme maritime ».
Les recommandations de l’atelier comprennent l’actualisation des lois sur la criminalité maritime et le terrorisme et l’adoption des conventions internationales dans les législations nationales. Les pays ont été encouragés à renforcer les compétences de la police, des procureurs et du système judiciaire et à utiliser la technologie pour identifier les menaces et mieux surveiller leurs côtes et voies navigables.
Les recherches de l’ISS montrent pourquoi les pays africains doivent s’adapter face aux groupes armés et aux réseaux criminels qui utilisent des technologies sans équipage, contrôlées à distance. Les lois maritimes doivent être harmonisées et alignées sur les outils internationaux comme le protocole de 2005 concernant la convention pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime. Ce protocole fournit une base juridique pour enquêter, poursuivre et extrader les auteurs d’actes terroristes sur des navires ou des plates-formes pétrolières.
Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Timothy Walker, ISS: [email protected]