ONU – UA : renforcer la coopération entre les conseils de sécurité

Malgré des progrès encourageants, ces conseils ne parviennent pas à exploiter pleinement le potentiel de leurs relations.

Plus de 50 % des réunions et 70 % des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) portent sur l’Afrique. Ces chiffres mettent en évidence l’importance du continent dans les préoccupations multilatérales mondiales et soulignent l’intérêt des Nations unies pour la paix et à la sécurité en Afrique.

Dans le cadre du chapitre 8 de la Charte des Nations unies, les relations entre le CSNU et le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) se sont transformées en un partenariat de première importance. Fondées sur le Cadre conjoint ONU-UA de 2017 pour un partenariat renforcé dans le domaine de la paix et de la sécurité, elles tiennent compte du fait que la paix et la stabilité dépendent d’une collaboration renforcée entre le niveau mondial et le niveau continental, plutôt que des efforts d’une seule institution.

Les relations entre les deux organes n’ont cessé de se développer depuis la première réunion consultative annuelle conjointe en 2007. Malgré les progrès réalisés, les acteurs politiques des deux parties reconnaissent que les méthodes de travail pourraient être améliorées en raison de lacunes importantes. Cette question a été abordée lors d’un séminaire conjoint d’octobre 2023, dans le cadre d’un ordre du jour stratégique qui visait à renforcer leur coopération.

La paix et la stabilité reposent sur une collaboration étroite

Faire le point

Le cadre conjoint de 2017 prévoit le partage d’informations sur les indicateurs d’alerte rapide, la prévention et la gestion des conflits, ainsi que la reconstruction post-conflit et la consolidation de la paix. Des progrès considérables ont été réalisés dans le cadre de collaborations techniques, opérationnelles et stratégiques. Les réunions comprennent des sessions mensuelles entre la présidence du CPS et celle du CSNU, des discussions préparatoires informelles, des discussions de groupes de travail de comités, des réunions conjointes annuelles, des séminaires et des consultations. Selon le rapport d’août 2024 du secrétaire général sur le partenariat ONU-UA, les principaux engagements du Conseil s’articulent autour de huit catégories.

Les sujets de discussion entre le CPS et le CSNU en 2023
Les sujets de discussion entre le CPS et le CSNU en 2023
Source : Rapport 2024 du secrétaire général

 

Ces sessions ont renforcé les échanges d’informations, les interactions de haut niveau entre les conseils et les efforts conjoints déployés pour relever les défis en matière de paix et de sécurité en Afrique. L’un des principaux résultats a été l’adoption de la résolution 2719 (2023) du CSNU, dont le processus a mis à l’épreuve la relation entre les deux conseils à divers égards et a démontré à la fois sa résilience et ses limites par rapport aux attentes en matière de demande et d’offre.

Des défis et des résultats

Bien que ces réalisations soient louables, trois obstacles importants entravent le plein potentiel du partenariat entre les conseils. Le premier réside dans les déséquilibres de pouvoir entre les deux organes, dans la mesure où le CPS ne dispose pas d’un pouvoir ni d’une capacité comparable à ceux du CSNU. Si certains membres du CPS souhaitent une plus grande parité de pouvoir, force est de constater que le CSNU et ses membres disposent d’un pouvoir plus important et font face à des complications plus grandes liées à son travail.

Deuxièmement, leurs approches sont différentes. Le CPS s’exprime par consensus et de manière collective, tandis que le CSNU compte des États membres forts qui expriment clairement leurs positions individuelles. Cette divergence se manifeste généralement par un décalage des positions sur certaines questions.

Les sessions entre les conseils ont amélioré l’échange d’informations et les efforts conjoints

Certains États de l’UA ont été suspendus par le CPS, mais restent membres du CSNU. Ces différences posent un problème diplomatique au sein du CPS dans ses relations avec le CSNU, car, à New York, il doit traiter avec les pays suspendus, sans pouvoir le faire officiellement en Afrique.

Troisièmement, il n’existe pas de structure permettant au CPS de participer aux délibérations du CSNU afin de s’assurer que la position de l’Afrique est prise en compte. Bien que cette question doive être abordée lors des réunions mensuelles entre le président du CPS et le président du CSNU, le CPS ne se réunit souvent pas assez tôt pour que ses décisions soient pertinentes, même pour l’A3. En outre, il lui arrive très peu souvent d’aligner son calendrier sur celui du Conseil de sécurité.

Cette situation a entraîné des divergences quant à la direction des missions, comme on l’a vu avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali et avec des questions sensibles telles que celle du Sahara occidental et de la résolution 2719. Dans ce dernier cas, la préférence du CPS pour les 100 % différait de la disposition finale de 75 % du CSNU. Lorsque le CPS a eu des divergences avec les communautés économiques régionales, le CSNU a dialogué avec elles sans l’intervention du CPS. Malgré des progrès sur le plan de la participation, les décisions restent souvent à l’état de simples déclarations.

Trois obstacles importants entravent le plein potentiel du partenariat entre les deux conseils

Renforcer la coopération

Le renforcement de la coopération repose sur l’augmentation de la fréquence des interactions. La multiplication des contacts facilitera l’échange durable d’informations et de soutien. Il convient d’explorer les possibilités de missions conjointes afin d’aplanir les divergences de position sur des questions majeures grâce à une compréhension commune fondée sur des évaluations et des rapports conjoints. Cela permettra de surmonter les disparités qui peuvent caractériser les relations entre les deux conseils, en particulier en ce qui concerne les opérations de soutien à la paix. Le CPS est parfois invité à participer aux missions du CSNU en tant qu’observateur et non en tant qu’acteur de leur mise en œuvre.

Des lacunes évidentes découlent du manque de capacités de l’UA. Là où le CSNU dispose de capacités suffisantes, le CPS devrait être soutenu plutôt que jugé sur ses faiblesses. Par ailleurs, il serait utile de séquencer les réunions du CPS de manière à ce que ses propositions puissent être soumises avant les délibérations du CSNU.

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