La fin de l’impunité ? Quel avenir pour la Guinée Bissau après la chute des barons de la drogue ?
Une stratégie soutenue et globale devrait être mise en place pour renforcer le système de justice pénale en Guinée-Bissau et respecter la règle de droit.
En avril 2013, une opération d’infiltration menée avec succès par la US Drug Enforcement Administration (DEA) (Agence américaine de lutte parmi la drogue) a mené à la mise en accusation et la chute de deux des barons de la cocaïne les plus notoires de Guinée-Bissau : le contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto, ancien chef de la marine de Guinée-Bissau, et le général António Indjai, chef des forces armées de Guinée-Bissau.
Cela représente une victoire pour les forces de l’ordre dans leur lutte contre le crime organisé et semble annoncer la fin d’une ère d’impunité dans ce pays troublé de l’Afrique de l’Ouest et, plus largement, dans la région. Il y a dix ans, l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) déclarait que la Guinée-Bissau était devenue un « narco-état » ; depuis, le pays a connu un cycle accéléré de fragilité politique, due en partie au désir de contrôler le trafic très lucratif de cocaïne.
L’impunité est devenue une partie intégrante du tissu social en Guinée-Bissau et le trafic de drogue est une stratégie essentielle de survie pour beaucoup, ce qui a désintégré toute base pour une société fondée sur la primauté du droit. L’intervention de la DEA est significative car elle a mis fin à l’impunité de façon dramatique. Toutefois, sans suivi approprié, le risque que la Guinée-Bissau connaisse instabilité et autres conflits demeure, alors que le pays devrait plutôt être en train de préparer les prochaines élections démocratiques.
Afin d’éviter cela, une stratégie exhaustive et durable doit être mise en place pour renforcer le système de justice pénale et pour retrouver la confiance des citoyens en démontrant la capacité de l’état à rendre justice et faire respecter la primauté du droit.
À propos des auteurs
Tuesday Reitano et Mark Shaw sont associés de recherche principal à l’Institut d’Etudes de Sécurité (ISS) et travaillent pour STATT Consulting, Hong Kong (www.statt.net). Ils collaborent avec l’ISS sur un programme financé par le National Endowment for Democracy sur le trafic de drogue et la gouvernance démocratique en Afrique de l’Ouest. Le document inclut les contributions d’un troisième associé de STATT en poste à Bissau, qui pour des raisons de sécurité demeure anonyme.