ISS

Coup de projecteur : Les stratégies de développement au Mozambique

Le programme Afriques futures et innovation de l’ISS aide les responsables irlandais et mozambicains à s’orienter vers une croissance durable.

Le Mozambique est confronté à des obstacles complexes en matière de développement, notamment à une faible productivité agricole, une mauvaise gouvernance et un manque de diversification de son économie. L’aide internationale représentant 14 % de son revenu national brut ; il est essentiel de mettre en place une planification efficace pour maintenir les acquis et réduire la pauvreté.

Depuis 2017, le programme Afriques futures et innovation (AFI) de l’Institut d’études de sécurité (ISS) contribue à éclairer les stratégies de développement et les investissements irlandais au Mozambique. L’Irlande travaille au Mozambique depuis 1996, en partenariat avec le gouvernement, les agences des Nations unies (ONU), la société civile, les instituts de recherche et les bailleurs pour mener à bien ses priorités de développement, notamment l’égalité des sexes, le renforcement de la gouvernance et l’action climatique.

« L’ISS est une source d’information solide et fiable, déclare Inocêncio Macuácua, conseiller en gouvernance et commerce à l’ambassade d’Irlande à Maputo. Nous nous sommes en grande partie basés sur les projections d’AFI pour définir notre nouvelle stratégie et contribuer à définir de nouveaux domaines d’engagement au Mozambique. »

AFI permet aux partenaires du développement et au gouvernement du Mozambique d’avoir une vision à long terme concernant l’agriculture, l’éducation, les flux financiers, la gouvernance, la santé, la démographie, les infrastructures et le commerce. Ses données et ses prévisions ont servi de base au plan stratégique 2025-2030 et aux priorités de dépenses de l’ambassade d’Irlande au Mozambique.

« Ce n’est pas facile de collecter des informations au Mozambique, mais ils ont fait un excellent travail dans un contexte difficile. L’ISS est très professionnel et c’est l’un des organismes de recherche les mieux classés pour évaluer les voies de développement économique en Afrique », déclare Macuácua.

AFI utilise la plateforme de projection d’International Futures (IFs) développée par l’Institut Pardee de l’Université de Denver. Ses analyses ont montré qu’après des décennies de conflit, le Mozambique a réalisé d’importants progrès en matière de développement pendant 20 ans, avant de stagner et de commencer à régresser ces dix dernières années. 

AFI a également montré que les barrières au développement résidaient dans une faible productivité agricole, un manque de diversification de l’économie, une faible gouvernance, la corruption et des goulets d’étranglement sur le plan des infrastructures.

Le Mozambique risque fort de ne pas atteindre la plupart des objectifs de sa stratégie nationale de développement pour la période 2023-2043. Même en appliquant le scénario le plus favorable en matière de recettes gazières, il y aurait, sur sa trajectoire actuelle – avec une augmentation démographique rapide et une croissance économique relativement lente – davantage de personnes vivant dans l’extrême pauvreté d’ici à 2043.

La production de gaz souffre d’importants retards et les recettes de l’État n’augmenteront qu’à partir de 2032, laissant présager une période prolongée d’investissements publics insuffisants et une aggravation des faiblesses des services publics et des infrastructures.

« Les prévisions d’AFI ont été largement utilisées pour documenter notre nouvelle stratégie. »

Le travail d’AFI commandé par l’ambassade d’Irlande a été réalisé en consultation avec des économistes d’agences de coopération au développement et du ministère mozambicain de l’Économie et des Finances. L’équipe comptait en son sein un représentant principal du ministère, formé à l’utilisation de la plateforme d’IF.

Les prévisions actualisées d’AFI devraient être présentées au gouvernement mozambicain au début de l’année 2025, après des retards dus aux troubles politiques qui ont suivi les élections contestées d’octobre dernier.

L’analyse structurelle à long terme d’AFI est venue compléter une étude diagnostique de la croissance à court terme réalisée par le Growth Co-Lab de la London School of Economics and Political Science (LSE) pour le gouvernement du Mozambique, en partenariat avec l’USAID, le FMI et la BAD. Les travaux d’AFI et de la LSE ont été coordonnés afin de fournir aux décideurs politiques des options pour accélérer la croissance et les gains d’efficacité à court terme, et de montrer comment ces ajustements politiques pourraient contribuer à une croissance durable à plus long terme.

Les diplomates irlandais disent apprécier la vision à long terme d’AFI et sa capacité à inclure de multiples variables sociales et économiques dans ses projections.

« Ce que nous voyons dans l’approche d’Afriques futures, c’est une capacité à rassembler des récits ajustables et à trancher dans la complexité, déclare Niall Tierney, qui a été conseiller principal auprès du coordinateur résident des Nations unies au Mozambique et chef de mission adjoint à l’ambassade d’Irlande au Mozambique.

» AFI replace le secteur public dans le contexte de l’économie et de l’espace politique au sens large et présente des projections sur dix à quarante ans de manière non prescriptive. L’approche AFI examine les options politiques dans un contexte politique réel pour ce qui pourrait être des domaines d’investissement transformateurs. Elle présente des compromis entre de nombreuses options politiques en gardant à l’esprit le potentiel à long terme des décisions. »

Les bailleurs et les gouvernements bénéficient d’une vision plus éclairée de l’impact que peuvent avoir des investissements réalisés dans un endroit sur un autre. Le modèle IF aide les bailleurs à aller au-delà de la lutte contre la pauvreté, à comprendre et à soutenir l’analyse politique prospective des décideurs africains. 

« Afriques futures permet au gouvernement de s’approprier la planification de manière très informée et de sortir d’une réflexion en vase clos et à court terme dans le secteur du développement, déclare Tierney.

« Le modèle peut être incroyablement puissant. Je n’en vois pas d’autre qui présente ces capacités à l’échelle d’un continent. Il relie les points de la planification du développement aux partenariats et alimente des récits à long terme avec des voies politiques ajustables. Ces récits sont urgents et vitaux pour la réalisation du changement transformateur recherché dans les visions de développement nationales et d’initiatives plus larges, telles que la vision de la zone de libre-échange continentale africaine. »

Pour plus d’informations, veuillez contacter

Jakkie Cilliers, ISS : [email protected]

Partenaires de développement
L’ISS tient à remercier les membres du Forum de partenariat de l’Institut, notamment la Fondation Hanns Seidel, l’Open Society Foundations, l’Union européenne, ainsi que les gouvernements du Danemark, de l’Irlande, de la Norvège, des Pays-Bas et de la Suède.
Contenu lié