Coup de projecteur : La SADC élabore une nouvelle stratégie pour lutter contre la criminalité organisée en Afrique australe
L’ISS a travaillé en collaboration avec le secrétariat de la SADC pour établir un cadre d’approches tactiques, opérationnelles et stratégiques.
La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) est en train de concevoir une stratégie globale visant à détecter, comprendre et combattre la criminalité transnationale organisée dans la région. Aujourd’hui, la SADC et ses États membres disposent de stratégies et de protocoles distincts pour faire face à un éventail de menaces transfrontalières de plus en plus complexes : trafic d’armes, de drogue et d’espèces sauvages, traite des êtres humains... La criminalité transnationale associée à ces activités, telle que les flux financiers illicites et le terrorisme, est également en hausse dans la région.
Compte tenu des connexions entre ces menaces, dans lesquelles les réseaux de criminalité organisée jouent un rôle récurrent, une stratégie unique de grande envergure est indispensable. L’idée a été abordée pour la première fois en 2004 dans le Plan indicatif stratégique de l’Organe sur la coopération en matière de politique, de défense et de sécurité (SIPO) de la SADC, qui éclaire les États membres sur les défis auxquels la région est confrontée et sur les moyens d’y faire face. Depuis, cette recommandation a été réitérée dans le cadre de plusieurs réunions et documents stratégiques de la SADC.
Après la publication par le projet ENACT d’une évaluation de la criminalité organisée en Afrique australe réalisée en 2018 par INTERPOL, l’Organisation de coopération des chefs de police d’Afrique australe (SARPCCO) a recommandé au secrétariat de la SADC et à INTERPOL d’élaborer un plan régional de lutte contre la criminalité. L’ISS compte parmi le panel d’organisations qui ont participé à la rédaction de l’avant-projet.
Considérant son travail avec le secrétariat de la SADC comme prioritaire, l’ISS a apporté un appui technique spécialisé
« L’ISS préconise depuis longtemps une stratégie globale de lutte contre la criminalité transnationale dans la région. Il s’agissait donc d’une occasion à saisir pour le projet ENACT et l’Institut », déclare Martin Ewi, expert de l’ISS sur les questions de criminalité organisée dans le cadre du projet ENACT. Inscrivant son travail avec le secrétariat de la SADC parmi ses priorités, l’ISS a apporté un appui technique spécialisé au processus.
Grâce à ses recherches et aux cinq observatoires régionaux d’ENACT à travers le continent, l’ISS possède une connaissance approfondie de la criminalité organisée. « Nous savons que les auteurs d’activités illicites utilisent les mêmes routes de contrebande, les mêmes renseignements, les mêmes technologies et les mêmes agents », explique M. Ewi. « En considérant la criminalité transnationale organisée sous un angle plus large, les États de la SADC, les forces de l’ordre et les autres organes d’administrations publiques concernés pourront collaborer plus efficacement. »
Par exemple, si les infractions visant les espèces sauvages ne sont pas perçues comme faisant partie d’un phénomène plus vaste de criminalité organisée, leur traitement pourrait être confié à des unités anti-braconnage et à des militants écologistes, sans discerner les liens avec d’autres types de commerce illicite. Il convient également de prendre en compte le rôle du trafic de drogue dans le financement d’autres activités de criminalité organisée.
Un avant-projet de la stratégie a été achevé en mai 2020 et approuvé en septembre par un groupe technique de travail de la SADC. Le document est maintenant en voie d’être adopté par les différents organes politiques de la SADC et par les chefs d’État et de gouvernement.
Cette stratégie aidera les pays de la SADC à mettre en œuvre une série de décisions et d’instruments relatifs à la sécurité dans la région. Elle offre un cadre commun pour définir des approches tactiques, opérationnelles et stratégiques à la criminalité organisée. Dotée de mécanismes de transparence, de coopération, de suivi et d’évaluation, elle s’accompagnera d’un plan d’action déterminant le calendrier, les ressources et les partenaires qui assureront sa bonne mise en œuvre.
« En considérant la criminalité organisée comme un problème transdisciplinaire, cette stratégie sollicite la participation intégrée de tous les acteurs. Avec cet outil, la lutte contre la criminalité organisée n’est plus une simple mission des forces de l’ordre, mais une véritable responsabilité sociétale », résume Martin Ewi.
Pour plus de renseignements, veuillez contacter :
Martin Ewi, ISS : +27 760 791 075, [email protected]
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