Vers un club climatique des BRICS
Les BRICS pourraient être le catalyseur d'une nouvelle alliance mondiale pour trouver des solutions à la crise climatique mondiale.
Alors que le monde est ébranlé par les catastrophes climatiques et que les négociations multilatérales sur le changement climatique ne progressent guère, il est temps de créer de nouvelles alliances afin d'accélérer les mesures de lutte contre le changement climatique, d’augmenter les investissements, de réduire les risques climatiques et de renforcer la sécurité humaine.
Plusieurs pays seraient candidats à un tel « club climatique » mondial. Des membres actuels des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) sont intéressés ainsi que des pays désireux de rejoindre le groupe ou de s’en rapprocher.
Cette semaine, 70 pays avaient été invités au sommet des BRICS à Johannesburg, un nombre qui dépasse les rencontres précédentes. Le sommet promettait d'être d'une grande importance géopolitique et d'avoir des répercussions positives sur les mesures de lutte contre le changement climatique.
Les partenaires actuels et potentiels des BRICS constituent une combinaison unique. La plupart d'entre eux sont des gros émetteurs de carbone qui dépendent des combustibles fossiles pour alimenter leurs ambitions de développement à court terme, tout en étant des investisseurs mondiaux de premier plan dans le domaine des énergies renouvelables.
Les BRICS sont de gros émetteurs de carbone et des investisseurs de premier plan dans les énergies renouvelables
Le rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement sur l'état du climat classe la Chine, l'Inde et la Russie, ainsi que les États-Unis, parmi les quatre principaux émetteurs de carbone. Et selon Statista, la Chine, l'Inde et le Brésil sont les cinq premiers investisseurs dans les énergies renouvelables en 2015. Le gouvernement sud-africain a adopté un plan d'investissement quinquennal pour une transition énergétique juste.
De réels progrès ont été enregistrés l’année dernière lorsque les États-Unis ont adopté la loi bipartite sur la réduction de l'inflation (IRA), qui consacre de nouveaux fonds à l'accélération de la transition énergétique des États-Unis vers les énergies renouvelables et de la transition des transports vers l'abandon des combustibles fossiles. À tel point que les États-Unis et la Chine se sont engagés dans une course vers une consommation énergétique nette zéro.
Les récents développements politiques à l'approche des élections américaines de l'année prochaine risquent toutefois d'y faire obstacle. Les projets d'une coalition de droite menée par la Heritage Foundation et le Projet 2025 visant à entraver l’atteinte des objectifs de l'IRA et à ralentir ou à inverser la trajectoire des États-Unis vers une économie à faible émission de carbone risquent fort d’aboutir. Cela pourrait freiner l'élan de la transition mondiale vers une économie à faibles émissions de carbone, qui est déjà trop lente. Pendant ce temps, la Terre ne cesse de se réchauffer, de nouveaux records sont régulièrement battus et d'autres sont prévus pour les cinq prochaines années.
En parallèle, la demande mondiale en énergie augmente rapidement. La quête d'un accès universel à l'énergie propre d'ici 2030 est régie par l'objectif de développement durable n° 7. Atteindre et maintenir cet objectif est une tâche ardue. En plus de la croissance de la population, l'Afrique et la plupart des pays en développement ont besoin d'une industrialisation rapide.
La Chine produira plus de 3 300 milliards de kWh d'énergie renouvelable d'ici 2025
Les effets dévastateurs du changement climatique créent également un fardeau supplémentaire, celui de la construction de nouvelles infrastructures résistantes au climat, afin d'éviter de nouvelles pertes et de nouveaux dégâts dus à des conditions météorologiques extrêmes, à des incendies de forêt et à l'élévation du niveau de la mer.
Si l'on ajoute à cela les besoins en énergie de l'économie de l'information, l'équation énergétique à court et moyen terme semble difficile. On espère que la recherche et l'innovation permettront de trouver des solutions à faible consommation d'énergie à moyen et à long terme.
Les scénarios de sécurité énergétique de Shell observent de manière critique que les pays présentant des vulnérabilités similaires auront les mêmes réactions au changement climatique. Le monde est actuellement dominé par un état d'esprit axé sur la sécurité, où les intérêts nationaux et collectifs l'emportent sur la coopération à l’échelle mondiale. Les trajectoires énergétiques des scénarios Shell caractérisent le monde en quatre archétypes.
L'archétype Rêve vert présente des pays comme ceux de l'Union européenne (UE), qui renforce leur sécurité énergétique grâce à des rendements plus élevés, les énergies renouvelables occupant une place plus importante dans le bouquet énergétique. L'UE peut réaliser cet investissement grâce à sa richesse, à la diminution de ses réserves de pétrole et de gaz et à la possibilité d'acquérir un avantage précoce dans un monde à faible émission de carbone.
Un club climatique des BRICS augmenterait la possibilité d’un avenir à faibles émissions de carbone
Le deuxième archétype, Innovation gagnante, est représenté par des pays comme les États-Unis, le Canada, l'Australie et les États du Golfe (Émirats arabes unis et Arabie saoudite). Ils disposent d'importantes réserves de combustibles fossiles et d'un potentiel d'autosuffisance, mais ils choisissent d'investir dans l'innovation, ce qui leur permet d'entrer dans la catégorie des grands acteurs de l'énergie renouvelable.
La Chine a son propre archétype : la Grande muraille du changement. Elle augmente sa consommation de combustibles fossiles tout en étant le plus grand investisseur au monde dans les énergies renouvelables. Avec l'achèvement de l'actuel plan de base (le 14e), la Chine disposera d'une production d'énergie renouvelable de plus de 3 300 milliards de kWh d'ici 2025.
Le quatrième archétype est celui des Surfeurs, subdivisé en surfeurs émergents (économies émergentes) qui adoptent rapidement de nouvelles technologies renouvelables, comme l'Inde et l'Afrique du Sud, et en surfeurs , qui sont la plupart des pays en développement.
Deux de ces archétypes sont représentés parmi les membres actuels des BRICS et, si l'on inclut les pays du Golfe qui ont exprimé leur intérêt pour le bloc des BRICS, un troisième archétype est également présent.
Les BRICS+ offrent une opportunité importante de créer un club climatique puissant à l’échelle mondiale, pouvant avoir un rôle catalyseur pour une transition mondiale durable vers une économie à faible émission de carbone. C’était l’un des thèmes dominants tant au forum sur l'urbanisation des BRICS qu'à celui sur la coopération énergétique des BRICS.
Un club climatique des BRICS pourrait à la fois reconnaître la nécessité d'un développement rapide du sud de la planète, tout en étant déjà engagé à atteindre l’objectif zéro émission nette afin d'accélérer le passage à des économies compétitives à faible émission de carbone.
Cela est d'autant plus important que les chances d'aboutir à des accords intergouvernementaux mondiaux ambitieux s'amenuisent. L'ajout d'un conseil des entreprises des BRICS dynamique donne un nouvel élan à des possibilités accrues de coopération à de multiples niveaux dans la quête d'un avenir à faibles émissions de carbone et de justice climatique à travers le monde.
Dhesigen Naidoo, chercheur principal associé, ISS Pretoria
Image : © 15ème SOMMET DES BRICS/Flickr
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