Coup de projecteur : Dialogues politiques sur la réforme de l'UA et les progrès de l'Agenda 2063

En prélude à la réunion de coordination de l'UA, l'ISS et le Kenya ont tenu des échanges informels francs sur les priorités de l'Afrique.

L'Institut d'études de sécurité (ISS) a collaboré avec le gouvernement kényan pour créer un forum de discussion sur les réformes de l'Union africaine (UA) et les avancées réalisées dans le cadre de l'ambitieux Agenda 2063 de l'UA, la stratégie de développement du continent.

Trois séminaires ont été organisés avant la cinquième réunion semestrielle de coordination de l'UA à Nairobi. La réunion annuelle des États membres et des communautés économiques régionales (CER) de l'UA vise à accélérer l'intégration africaine. La rencontre de Nairobi portait sur la mise en œuvre de l'Accord établissant la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

Les séminaires, organisés par l'ISS et l'ambassade du Kenya à Addis-Abeba, ont abordé des sujets d'actualité au sein des sphères politiques africaines, lesquels figuraient à l’ordre du jour de la réunion de l'UA. Il s'agit notamment des réformes en cours de l'UA, qui ont une incidence directe sur la capacité de l'organisation et de ses communautés économiques régionales (CER) à coordonner leurs travaux et à atteindre leurs objectifs. Une autre question clé est l'avancement de la Zlecaf, considérée comme un moyen essentiel pour l'Afrique d'atteindre les objectifs de l'Agenda 2063.

Loin des formalités de la réunion de l'UA, les discussions se sont appuyées sur les recherches et les points de vue des analystes principaux de l'ISS, et les États membres, les diplomates, la société civile et les partenaires du développement y ont participé.

« Les séminaires étaient opportuns et pertinents pour les opérations de l'Union africaine », a déclaré Jean Kamau, ambassadeur et représentant permanent du Kenya auprès de l'UA et de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique. Elle a ainsi  souligné l'engagement de haut niveau de l'ISS en faveur de l’agenda paix et sécurité de l'UA.

La répartition des responsabilités entre l'UA, les CER et les États membres et la manière dont les institutions de l'UA pourraient mieux répondre aux priorités de l'Afrique ont également fait l'objet de discussions lors des séminaires et de la réunion de l'UA.

« L'approche de partenariat de l’ISS a créé la confiance qui nous a permis de collaborer avec le gouvernement du Kenya pour organiser des discussions informelles sur les questions les plus pressantes de l'Afrique et afin de susciter de nouvelles idées pour l'avenir du continent », a déclaré Andrews Atta-Asamoah, responsable du programme Gouvernance de la paix et de la sécurité en Afrique à l’ISS Addis-Abeba.

‘Les séminaires étaient opportuns et pertinents pour les opérations de l'Union africaine’

« En réunissant des personnes qui, pour la plupart, participeront à la réunion de l'UA et aux futurs espaces politiques régionaux et continentaux, nous avons favorisé les conversations sans qu'il soit nécessaire de définir des positions nationales dans le cadre d'un sommet formel de l'UA ».

Les séminaires ont également permis aux chercheurs et aux organisations de la société civile d'apporter une analyse fondée sur des données probantes avant la réunion de l'UA. 

Lors du premier séminaire sur l’Agenda 2063, Dr Abraham Korir SingOei, secrétaire principal aux affaires étrangères du Kenya, a exprimé l'espoir que le G20 admettrait l'UA en tant que membre, ce qui s'est réalisé deux mois plus tard lors du sommet du G20 en Inde. SingOei a souligné que d'ici 2063, l'Afrique représentera un tiers de la population mondiale, méritant ainsi une voix forte sur la scène internationale et un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Il a plaidé pour que l'Afrique soit entendue dans les discussions internationales sur le changement climatique.

Dr Jakkie Cilliers, responsable du programme Afriques futures et innovation à l'ISS, a présenté des scénarios de mise en œuvre de l'Agenda 2063. Il a expliqué aux délégués que d'ici 2043, le PIB africain par habitant dépendrait la Zlecaf, ce qui permettrait de réduire de 150 millions le nombre d'Africains vivant dans la pauvreté. 

Un deuxième séminaire a posé la question de savoir si la réforme de l'UA était étaient principalement rhétoriques ou si elles traduisaient un changement réel. La discussion s'est penchée sur les changements institutionnels et opérationnels au sein de l'UA, ainsi que sur les efforts visant à améliorer l'indépendance financière de l'organisation. Les délégués ont été informés des progrès et des retards dans la réforme de la Commission de l'UA. La Commission a une autorité limitée sur les États membres, confrontant des défis bureaucratiques persistants, des problèmes administratifs et des questions de responsabilité.

Dr Fonteh Akum, directeur exécutif de l'ISS,  a affirmé que malgré les problèmes politiques, financiers et techniques, les réformes de l'UA pouvaient réussir. Ces réformes avaient le potentiel d'améliorer la culture démocratique, de contribuer à la résolution des conflits armés et de promouvoir l'intégration économique.

Désiré Assogbavi, directeur Afrique francophone de l'organisation One, a souligné que la réforme de l'UA bénéficierait d'une plus grande collaboration avec la société civile, qui dispose d'un réservoir d'expertise considérable. Il a appelé à la création de conditions propices pour la participation de la société civile à l'Agenda 2063.

Les délégués ont débattu sur la pertinence de la fusion des départements Paix et sécurité et Affaires politiques de l'UA, se demandant si cette fusion avait été une erreur, la paix et la sécurité ayant été privilégiées au détriment des affaires politiques. Les intervenants ont également exhorté l'UA à se concentrer sur les enjeux continentaux et à déléguer les autres préoccupations aux CER.

Il ressort de ce séminaire de clôture que la réforme de l'UA et les progrès réalisés par rapport aux objectifs de l'Agenda 2063 étaient entravés par l'instabilité politique, les conflits armés et les changements anticonstitutionnels de gouvernements. Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a été mis sous les feux de la rampe, notamment en raison du non-respect de plusieurs de ses décisions.

Pour plus d'informations, contactez :

Dr Andrews Atta-Asamoah, ISS : [email protected]

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