Les polices de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l'Ouest s’unissent contre le crime organisé
Un nouvel accord renforcera la collaboration opérationnelle entre les institutions policières.
Brazzaville, Congo – 18 juin 2018. Un accord historique a été adopté à Kintélé, Brazzaville, le 14 juin par les responsables des polices des régions d’Afrique centrale et de l’Ouest, renforçant les efforts dans la lutte contre les menaces transnationales.
Dans cet accord historique, sans précédent en Afrique, le Comité des chefs de police de l’Afrique centrale (CCPAC) et le Comité des chefs de police de l'Afrique de l'Ouest (CCPAO), ainsi que la Mauritanie ont signé une déclaration de coopération en matière de police criminelle. Dans cette déclaration, les chefs de police présentent l’accord aux ministres de l’Intérieur de ces deux régions pour leur approbation.
L’accord prévoit une approche commune et interrégionale de prévention et de lutte contre la criminalité transnationale organisée, le terrorisme et l’extrémisme violent. Il est le fruit d’une réunion de haut niveau de deux jours organisée par le secrétariat du CCPAC, le gouvernement de la République du Congo et le projet ENACT de l'Institut d'études de sécurité (ISS). La rencontre a également bénéficié du soutien de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) et d’INTERPOL.
Les menaces transfrontalières et les activités criminelles sapent progressivement les perspectives de paix, de sécurité et de développement en Afrique centrale et occidentale. La porosité des frontières, la persistance des conflits de faible ampleur et la fragilité des institutions ont entraîné une vulnérabilité et une augmentation des crimes tels que les trafics d’armes, de drogue, d'êtres humains et de produits du braconnage. À ceux-ci s’ajoutent les délits financiers, les crimes maritimes, le blanchiment d’argent et le terrorisme.
Ce contexte a généré une économie criminelle lucrative qui s’exerce au détriment des populations, toutes couches sociales confondues. « La criminalité transnationale organisée détourne les ressources qui devraient servir au développement national », déclare Eric Pelser, responsable du projet ENACT. « Le coût réel et non quantifiable de ces crimes se traduit par la perte de perspectives, d’opportunités, de moyens de subsistance – et de vies. »
La réunion des chefs de police représentant les États membres du CCPAC, du CCPAO ainsi que la Mauritanie a eu lieu à Brazzaville les 13 et 14 juin 2018.
A l'ouverture de la rencontre, le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation de la République du Congo, monsieur Raymond Zéphirin Mboulou, a évoqué les conséquences dévastatrices du crime organisé en Afrique centrale et de l’Ouest. Il a souligné l’importance de la collaboration entre les pays concernés pour y faire face, et a indiqué la nécessité de simplifier les procédures opérationnelles pour détecter, intercepter et poursuivre les criminels en justice. « La signature de cette accord permettra de substituer la longue procédure d’extradition par une simple remise de police à police, des malfaiteurs et des biens saisis », a souligné le ministre.
Alors que les criminels opèrent dans ces deux régions avec une liberté absolue de mouvement, les services chargés d’appliquer la loi ne jouissent pas de cette même facilité. « Aucun pays ne peut à lui seul combattre la criminalité transnationale organisée. De la même manière que la criminalité traverse les frontières, il faut que les réponses pour la contrer s’accordent, unissant les forces au-delà des frontières nationales. La coopération est cruciale », a affirmé le représentant du président en exercice du CCPAC, monsieur Kolsala Sirandi Ongtoin. L’accord prévoit des mécanismes pratiques pour renforcer la collaboration opérationnelle au quotidien entre les institutions policières.
« Les réseaux criminels transnationaux sont organisés, bien équipés et puissants, souvent même davantage que les institutions étatiques et les services chargés d’appliquer la loi qui sont censés les combattre, » a déclaré Michel Koua, chef du Bureau régional INTERPOL pour l’Afrique centrale, et secrétaire permanent du CCPAC.
« Nous devons, plus que jamais, apporter des réponses fortes, concertées et coordonnées aux menaces à la paix et à la sécurité qui s’exercent au-delà de nos régions », a déclaré Têko Mawuli Koudouovoh, directeur général de la police nationale du Togo, président du CCPAO. Ce sentiment est partagé par l’ambassadrice Saskia de Lang de la Délégation de l’Union européenne auprès de la République du Congo. « La coopération n’est pas un choix, mais une nécessité », a-t-elle soulignée en s’adressant aux chefs de police.
Les régions d'Afrique centrale et de l’Ouest sont profondément liées aux niveaux géographique, historique et culturel. Cependant, elles n'ont pas réagi de manière concertée face à la criminalité transnationale organisée. Avec ce nouvel accord, les groupes criminels auront dorénavant à affronter 24 pays quand ils s’attaqueront à l’un d’entre eux.
À propos d'ENACT
ENACT est financé par l'Union européenne. Le projet développe des connaissances et des compétences dans le but d’améliorer la réponse de l’Afrique à la criminalité transnationale organisée. ENACT est mis en œuvre par l'Institut d'études de sécurité et INTERPOL, en collaboration avec l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée. Pour en savoir plus, visitez notre site à www.enact.africa.
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