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Le G20 peut miser sur l’action climatique pour rapprocher les blocs politiques

Le premier sommet du G20 en Afrique pourrait-il réunir des membres du G7 et des BRICS+ afin d’accélérer l’action climatique ?

Lors du second mandat du président américain Donald Trump, le déni climatique et la désinformation se sont accentués et ont mis en péril le programme mondial d’action pour le climat.

Pour des raisons de sécurité nationale liées à la guerre en Ukraine, les États membres de l’Union européenne (UE), anciennes figures de proue dans la lutte contre le changement climatique, revoient à la baisse leurs ambitions et leurs actions climatiques. Malgré un système multilatéral en crise, des partenariats innovants pourraient accélérer l’action climatique.

La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques est le principal instrument d’action depuis la première Conférence des Parties (COP) en 1995. Elle a permis des réalisations importantes comme le Protocole de Kyoto, la plateforme scientifique du GIEC et l’Accord de Paris.

Toutefois, elle se heurte aux attaques virulentes contre les Nations unies et les négociations sur le climat. Le Traité international contre la pollution plastique, qui en subit également les conséquences, n’a pas été conclu la semaine dernière. L’action climatique reposera donc sur les pays et les blocs minilatéraux comme le G7, les BRICS et le G20.

Le G7, issu du Groupe des Six, a été créé en 1975 en réponse à l’embargo pétrolier de l’OPEP. Ses membres comprenaient les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne de l’Ouest, le Japon et l’Italie, pays dont le PIB était le plus élevé, à l’exception de l’Union soviétique.

Les attaques contre l’ONU et les négociations sur le climat ont freiné l’action climatique

En 1998, le Canada et l’Union européenne ont rejoint la Russie pour former le G8. (La Russie a de nouveau été exclue en 2014 après l’annexion de la Crimée.) La crise des combustibles fossiles et la catastrophe financière connexe à l’origine de la création du groupe sont un élément important de son ADN.

Le parcours du G7 sur le plan du climat a été semé d’embûches, tandis que les membres européens étaient à l’avant-garde du dialogue mondial sur le climat, le Canada et le Japon se tenant sur la réserve. De fait, le Japon occupe la 58e place dans l’indice de performance en matière de changement climatique.

La position des États-Unis semble dépendre de son chef d’État. Les derniers présidents démocrates étaient favorables à l’action climatique contrairement à leurs homologues républicains.

En conséquence, la réaction du G7 a été ambivalente, malgré des initiatives comme le club climat. Les pays du G7, qui détiennent encore 30 % du PIB mondial, sont indispensables pour toute avancée dans le financement climatique.

Les BRICS+ sont le rival du G7. Ses origines remontent au début des années 1990, à l’époque des forums IBAS (Inde-Brésil-Afrique du Sud) et RIC (Russie-Inde-Chine), sous l’impulsion du ministre russe des Affaires étrangères, Evgueni Primakov. Jim O’Neill, de Goldman Sachs, est reconnu comme le créateur du nom du groupe.

Les BRICS+ comptent 10 membres : le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Iran, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Indonésie et les Émirats arabes unis. Plusieurs autres pays envisagent de les rejoindre. Les membres contribuent à hauteur de 35 % au PIB mondial.

L’action climatique doit s’appuyer sur les pays et les blocs comme le G7, les BRICS et le G20

Bien que les BRICS+ comprennent des poids lourds des combustibles fossiles, certains de ses membres sont en tête de l’action climatique. La Chine, qui produit 59 % de son électricité à partir d’énergies renouvelables, est désormais une superpuissance énergétique à faible émission de carbone. Elle est aussi le premier producteur de technologies solaires, éoliennes, hydrogènes et de batteries, et, selon le Forum économique mondial, représente un maillon essentiel de la transition écologique mondiale.

Le Brésil, président de la COP 2025 sur le climat, est un exemple en la matière, puisque 89 % de son énergie provient de sources renouvelables. L’Afrique du Sud et l’Indonésie font partie des pays dominés par le charbon et le pétrole qui préconisent une transition énergétique juste.

Le G20, fondé en 1999 à la suite de la crise financière asiatique de 1997-1998, réunit les pays dotés d’une influence économique notable. Il représente environ 85 % du PIB mondial. Il réunit les membres du G7 plus l’UE, cinq membres des BRICS+ et l’Union africaine. Le G20 pourra combler le fossé géopolitique entre ces deux minilatéraux d’envergure.

Le sommet du G20 de novembre sera le premier sur le sol africain. Le continent subit les effets du changement climatique malgré sa faible contribution aux émissions mondiales. Le sommet permettrait aux membres du G7 et des BRICS+ partageant les mêmes idées de créer un club climat influent pour accélérer l’action et les partenariats africains.

Les quatre priorités définies par la présidence sud-africaine du G20 pour 2025 vont dans ce sens.

Un nouveau club climat pourrait accélérer la progression vers un monde plus durable

La première consiste à renforcer les réponses aux catastrophes. Nombre d’entre elles sont directement produites ou accélérées par le changement climatique. L’initiative « Alerte précoce pour tous » des Nations unies entend instaurer un système d’alerte précoce multirisque d’ici 2027. Les régions d’Afrique seraient des sites privilégiés pour les projets pilotes.

La deuxième priorité doit permettre de garantir la stabilité de la dette des pays à faible revenu. Il s’agit d’une extension de l’initiative de Bridgetown visant à rééquilibrer l’architecture financière internationale. L’idée, présentée lors de la COP27 par la Première ministre barbadienne Mia Mottley, est axée sur le financement climatique.

Troisièmement, il faut mobiliser des financements pour des transitions énergétiques justes. C’est un élément essentiel du financement climatique pour la réalisation de l’objectif de développement durable (ODD 7) des Nations unies qui doit garantir l’accès universel à l’énergie selon les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat.

Le dernier aspect porte sur l’exploitation des minéraux critiques pour une croissance inclusive et un développement durable. Ces minéraux sont indispensables pour réussir la quatrième révolution industrielle et la transition énergétique. Toutefois, il pourrait y avoir un risque géopolitique si les principaux acteurs ne parviennent pas à s’entendre sur l’exploitation durable des minéraux critiques.

Le G20 africain de 2025 s’annonce prometteur. Surmonter les divisions pour former un nouveau club climat pourrait accélérer la trajectoire collective vers un monde plus durable, éventuellement dans les limites de l’Accord de Paris. L’Afrique se présente comme un candidat idéal pour attester du succès d’une telle initiative.

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